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Porter des vêtements d’occasion sans lavage : les risques pour la santé

Sur un tissu oublié, la vie microscopique ne disparaît pas : elle attend patiemment son nouveau porteur. Certaines bactéries et parasites survivent plusieurs jours sur des fibres textiles, même en dehors de leur hôte d’origine. Les textiles ayant déjà servi peuvent abriter des résidus de peaux mortes, de sueur ou de produits chimiques utilisés par des précédents propriétaires.

Des cas d’infections cutanées ou de réactions allergiques ont été signalés après le port de vêtements achetés dans des friperies ou sur des plateformes de seconde main, sans passage préalable en machine. Les dermatologues alertent régulièrement sur ces risques, souvent sous-estimés.

Ce que cachent vraiment les vêtements d’occasion non lavés

Le succès grandissant du marché de la seconde main et la montée en flèche de plateformes telles que Vinted, Leboncoin ou Vestiaire Collective ont changé nos habitudes vestimentaires, mais ils ont aussi mis en lumière une facette rarement évoquée : les vêtements d’occasion sont parfois de véritables réservoirs à germes et à bactéries. Sur ces tissus, un microbiote varié se développe, composé de microbes, champignons, virus et autres habitants invisibles, transmis d’une personne à l’autre. Certains agents pathogènes, comme Escherichia coli, peuvent subsister pendant plusieurs jours, surtout dans les zones épaisses ou les coutures des vêtements.

Un vêtement n’est jamais totalement vierge : il porte la trace de ceux qui l’ont porté, qu’il s’agisse de sueur, de cellules mortes ou d’autres résidus corporels. Mais l’enjeu ne s’arrête pas là. Les produits chimiques textiles utilisés dans la fast fashion, apprêts, colorants, formaldéhyde, métaux lourds comme nickel ou chrome VI, parfois même des phtalates, restent présents sur les fibres, surtout si le vêtement n’a jamais été lavé, ni après fabrication, ni avant sa revente. Au contact de la peau, ces substances peuvent déclencher des réactions allergiques ou irriter les zones les plus sensibles.

Dans les friperies ou lors d’achats entre particuliers, les textiles qui stagnent dans l’humidité voient les germes présents proliférer. Enfiler sans réfléchir un pull ou un pantalon tout juste acquis, sans le laver, revient à s’exposer à un mélange de bactéries et de composés chimiques. Même les vêtements neufs peuvent contenir des substances indésirables, mais le brassage de micro-organismes est bien moins prononcé que dans les habits de seconde main ayant connu plusieurs propriétaires.

Quels risques pour la santé si vous sautez l’étape du lavage ?

Porter un vêtement d’occasion non lavé, c’est offrir à sa peau une rencontre parfois risquée avec des agents infectieux inattendus. Les médecins spécialistes de la peau mettent en garde : le transfert de bactéries, de champignons, voire de virus peut s’opérer sans le moindre signe visible au départ. Le molluscum contagiosum, par exemple, peut passer inaperçu chez l’adulte mais devenir problématique chez l’enfant ou le nourrisson. Le microbiome cutané se trouve alors perturbé, avec des conséquences plus lourdes pour les personnes fragiles ou immunodéprimées.

Voici les principaux risques évoqués par les spécialistes :

  • Infections cutanées : impétigo, mycoses, folliculites, souvent dues à Staphylococcus aureus ou à des dermatophytes, s’installent dans les zones les plus sensibles : pieds, plis, parties génitales.
  • Irritations et allergies : les résidus de lessive, colorants ou formaldéhyde persistent sur les tissus et peuvent provoquer des dermatites de contact, des rougeurs, voire des poussées d’eczéma.
  • Parasites : œufs de poux, acariens, voire agents responsables de la gale peuvent survivre au changement de propriétaire, surtout si le vêtement a échappé au lavage.

Les enfants, dont le système immunitaire n’a pas encore atteint sa maturité, se montrent particulièrement vulnérables : un simple body ou un tee-shirt contaminé peut déclencher une éruption ou une infection. La prudence s’impose aussi dans les foyers où vivent des personnes immunodéprimées, car la moindre infection peut rapidement s’aggraver. Quant à l’exposition répétée aux substances chimiques présentes sur les textiles, perturbateurs endocriniens, colorants à risque,, elle fait l’objet d’une surveillance accrue par les autorités de santé. Seul un lavage rigoureux permet d’éviter ces désagréments.

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Adopter les bons réflexes : méthodes efficaces et recommandations d’experts pour une seconde main sans danger

Pour se débarrasser des agents pathogènes présents sur les vêtements de seconde main, il ne suffit pas de secouer ou d’aérer le tissu. Les professionnels de santé sont unanimes : un lavage à 60°C reste la solution la plus fiable pour éliminer bactéries, virus et champignons. Cette température permet de neutraliser la majorité des micro-organismes sans abîmer les tissus résistants.

Adoptez une routine efficace : commencez par un prélavage, puis un cycle classique, en prenant soin de séparer les nouveaux vêtements du reste de votre linge. L’ajout d’un détergent antibactérien augmente l’efficacité du nettoyage, surtout pour les pièces ayant séjourné en friperie ou dans des entrepôts. Si la fibre le permet, privilégiez un séchage à haute température : l’humidité prolongée favorise la prolifération des germes.

Les experts encouragent également à opérer un tri avant achat ou lavage. Privilégiez les textiles arborant les labels OEKO-TEX ou GOTS, gages d’une limitation des produits chimiques textiles tels que le formaldéhyde, les phtalates ou les métaux lourds. Les fibres naturelles non traitées, coton bio, laine brute, minimisent le risque de réactions allergiques.

Sur des plateformes comme Vinted, Leboncoin ou Vestiaire Collective, un zeste de méfiance s’impose face aux vêtements dont l’origine ou l’entretien restent flous. Un lavage systématique avant le premier port, surtout pour les plus jeunes ou les peaux sensibles, reste la meilleure parade. Ce réflexe simple protège le microbiote cutané et préserve la santé de tous ceux qui misent sur la seconde main.

Porter un vêtement de seconde main n’a rien d’anodin : la machine à laver, en silence, trace la frontière entre découverte et imprudence. À chacun de fixer la sienne.